Aujourd’hui, c’est avec une profonde tristesse que je tiens à rendre hommage à mon ami, mon frère et mon cousin de toujours, Daniel Abwa-Bassianguwe, avec qui j’ai partagé une longue et riche histoire d’amitié et de fraternité. Notre aventure commune a débuté en 1965, lorsque nous étions encore adolescents. Nous formions un groupe soudé avec Erik Essoussè, Priso Daniel Dickens et moi, Olivier Iyebi Mandjek. Daniel, le plus jeune d’entre nous, était souvent victime de nos moqueries, mais cet humour noir participait de notre quotidien. Je me souviens de son poste radio qui mentait et de nos virées le dimanche dans les coins chauds de la ville. Ces moments ludiques ne faisaient que renforcer nos liens.
Les années d’université nous ont rapprochés davantage. Nous avons partagé une maison à Melen-gendarmerie, et ces moments passés ensemble ont consolidé notre amitié, tout en forgeant nos futurs. Daniel brillait par son sérieux et sa détermination.
Ce fut une période marquante de notre vie,
Malgré les chemins différents que nous avons suivis au fil des années, jamais nous ne nous sommes éloignés les uns des autres. Nous avons uni nos faiblesses pour en faire une force. Ensemble, nous avons traversé les épreuves et célébré les réussites. Chacun de nous a pu réaliser ses projets, mais toujours avec le soutien infaillible des autres. Je me souviens de nos excursions sur le terrain, au moment de la préparation du Diplôme d’études supérieures, qu’il a passé en histoire et moi en géographie. Nous avons mis en commun nos moyens financiers, parcourant à pieds tout l’arrondissement de Ndiki pour collecter des informations dans nos disciplines respectives. Plus tard, dans les moments très éprouvants de la recherche de l’emploi, je suis allé enseigner à Douala et lui il est resté à Yaoundé donnant des cours dans un collège de la place. Lorsque j’ai quitté Douala pour Yaoundé, Daniel m’a accueilli chez lui, et j’ai été présent à la naissance de plusieurs de ses enfants, partageant ces moments de bonheur à ses côtés. Lorsqu’il a fallu se concentrer sur sa thèse, il a abandonné les enseignements qu’il donnait dans un collège de la place, je l’ai hébergé chez moi, le libérant des contraintes de la vie quotidienne. Il était toujours là, dans les moments joyeux comme dans les moments difficiles, avec sa présence rassurante, ses conseils et sa bonne humeur contagieuse.
Notre vie commune a été si riche qu’elle est difficile à retracer en quelques mots, mais des souvenirs affluents dans ces moments difficiles, comme ceux de nos conversations interminables sur des sujets aussi sérieux que le développement du pays, les rires que nous avons partagés et les espoirs que nous avons nourris ensemble. Je me souviens de cette capacité que tu avais à rendre uniques certains de ces moments par ta générosité de cœur et ton esprit de famille. Bassianguwe, (comme sa mère m’avait donné le droit de l’appeler), n’était pas seulement un ami pour moi, mais un véritable frère.
En regardant en arrière, je réalise à quel point cette amitié nous a aidés à nous construire. Aujourd’hui, il nous quitte, et c’est avec une immense peine que je lui dis au revoir. Mais je sais que son souvenir vivra en chacun de nous. Il continuera d’être présent dans nos cœurs et nos vies, et je garderai toujours précieusement la mémoire de ces années partagées.
Merci, mon cher frère, pour tout ce que tu as été et pour tout ce que tu nous as laissé. Ta présence nous manquera, mais ton esprit demeurera à jamais avec nous.
A sianguwe, vas en paix et que le Seigneur te réserve une place de choix dans son royaume. O. Iyebi Mandjek
Professeur ABWA, mon ami, mon frère depuis plus de 60 ans !
Abwa, comme nous t’appelions affectueusement, tu as passé plus de 60 ans avec moi, depuis l’école primaire, l’université, jusqu’à la brillante carrière universitaire et administrative que l’on connait. Tu étais historien de haut vol, tu t’es imposé en histoire coloniale et politique du Cameroun ; reconnu comme tel en Afrique et dans le monde. Tu laisses à la postérité une riche œuvre littéraire et scientifique qui va continuer à inspirer les jeunes générations que tu as aussi formées. Tu es resté concentré sur ta vie que tu as réussie à force de travail, de discipline, de concentration. Ton engagement social est multiforme : aux plans familial, religieux, politique et culturel. Tu es un modèle pour tous ceux qui aspirent à une vie brillante. Tu t’es battu pour donner à la discipline de l’Histoire ses lettres de noblesse, à travers entre autres, la Société Camerounaise d’Histoire que tu as créée et dont tu es le Président. Je souhaite que tes œuvres scientifiques soient perpétuées par tes multiples disciples, tes étudiants surtout, qui ont la lourde tâche de l’enrichir, pour que le Cameroun et l’Afrique ne perdent pas la mémoire de cet immense intellectuel et savant que tu as été toi- même, digne héritier de Cheikh ANTO Diop, Joseph KI-ZERBO et bien d’autres.
Va en paix, Dan, tu entres dans le panthéon des Grands Esprits par ta riche œuvre scientifique et par ton engagement religieux et chrétien. En réalité l’amitié de plus de 60 ans et la fraternité entre le Professeur ABWA Daniel et moi débutent en 1960 à Douala. Elles se déroulent à 04 niveaux : la vie scolaire et académique ; la vie religieuse ; la vie familiale ; le partage des mêmes valeurs de la vie.
Aux plans scolaire et académique, je rencontre le Professeur ABWA en 1960 à l’école CEBEC de Mboppi à Douala, au cours préparatoire II ; j’ai 9ans et lui 7 ; et depuis cette époque, nous cheminons ensemble jusqu’à l’université de Yaoundé au département d’histoire.
Nous partagions la même fraternité depuis l’école primaire avec le Professeur Priso Daniel de regretté mémoire et Iyebi Mandjek Olivier, chercheur émérite. A Yaoundé nous partagions la même maison pendant 3 ans jusqu’à l’obtention de la licence en histoire. Je continue mes études à la Sorbonne Paris I et lui son doctorat en histoire qui le mène finalement dans sa brillante carrière universitaire : et moi dans la haute administration camerounaise.
Au plan religieux, nous sommes tous deux fils de pasteur à l’Union des Eglises Baptistes du Cameroun (UEBC) et anciens de l’église, partageant tous les dimanches le même banc ; nos deux épouses sont aussi anciennes d’église.
Au plan familial, nos deux familles sont très proches, nos épouses mama Cathy et Mama Caliste, nos enfants, nos frères et sœurs qui se retrouvent à l’occasion de multiple cérémonies. Au plan des valeurs, elles sont les mêmes, influencées profondément par l’éducation chrétienne : discipline, âpreté au travail, solidarité ; amour de la connaissance, du progrès, du dépassement de soi, de la réussite, de la joie de vivre, de la famille ; de la recherche et de l’écriture.
Le Professeur ABWA laisse à la postérité une riche œuvre littéraire et scientifique. Il a formé de nombreuses générations de jeunes qui sauront perpétuer cette mémoire d’un lumineux intellectuel et savant tel que l’Afrique en a besoin. ABWA comme on t’appelait affectueusement Olivier, Priso et moi, tu restes vivant puisque ce qui nous liait le plus c’est l’esprit, les valeurs de l’Esprit et l’Esprit est immortel, est éternel. Tu es aussi éternel car tu as mené le bon combat. Ton digne frère Dr. ESSOUSSE Erik